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CA CRITIQUE

« Coach » : chronique d’un racisme ordinaire

Joram Lürsen, réalisateur néerlandais, met en lumière dans « Coach » deux mondes diamétralement opposés qui cherchent pourtant à se comprendre. Bourgeoisie et classe populaire se côtoient sur fond de racisme dans ce film sorti en avril 2009.


Soukri reste qualifié de "marocain". Il est pourtant né et a grandi aux Pays-Bas. CC: Joram Lürsen

Suzanne est riche, blanche, élégante. Elle habite les beaux quartiers d’Amsterdam avec Leon, son mari. Lui est chirurgien plastique et passe son temps au travail, en voyage ou à se préoccuper de savoir quelles chaises de jardin il va acheter.

Ennuyée par une vie plutôt plan-plan, pas suffisamment stimulée par son travail à la bibliothèque, Suzanne se lance dans une énième activité dont ses proches sont sûrs qu’elle n’ira pas au bout. Comme toujours. Elle devient donc le « coach » de Soukri (prononcer « Choukri »), jeune néerlandais d’origine marocaine, à qui elle donne des cours de lecture et d’écriture.

Objectif : qu’il réussisse sa formation de mécanicien et puisse, à terme, reprendre le garage de son père. Sauf que la mécanique, c’est bien la dernière chose qui intéresse Soukri. Lui se rêve face caméra, en nouvel Al Pacino.

Eviter les clichés

Le synopsis respire les bons sentiments et l’on s’attend à une série de clichés sur cette femme de la haute qui donne sa chance à la classe ouvrière. Sauf que « Coach » n’est pas tombé dans le piège. Joram Lürsen a su aborder de manière sérieuse et réaliste le problème du racisme ordinaire aux Pays-Bas. Le principe du « je n’ai rien contre les Marocains mais … » Ce qui ne l’a pour autant pas empêché de servir les éléments d’une recette qui marche : des histoires d’amour et des conflits.

Le film ne tombe ni dans la condescendance ni dans l’accusation. Il relate, présente, décrit, deux mondes parallèles qui n’ont pas connaissance de l’existence de l’autre. Ce monde où l’on fait du roller un voile sur les cheveux, et cet autre où l’on sort son chien en robe courte et talons hauts. Deux mondes qui, malgré les efforts, ont toutes les difficultés à se comprendre.

L’œuvre est rythmée, entre droit dans le vif du sujet. Pas de détours, pas de longueurs, Joram Lürsen sait où il veut aller et emmène le spectateur avec lui tout au long du film.

Ado révolté

Les jeux d’acteurs sont globalement justes, même si l’on peut regretter un brin de dramatisation de la part d’Anneke Blok, qui joue le rôle de Suzanne. Une gravité sur le visage qui ne se justifie pas toujours. Mamoun Elyounoussi, alias Soukri, est touchant dans son rôle d’adolescent révolté mais profondément timide. Ses mots, ses actes sonnent vrai ; ceux d’un adolescent d’aujourd’hui qui a du mal à se trouver. Sophie, la fille de Suzanne, jouée par Gaite Jansen, est troublante de douceur et de dureté à la fois.

Elsa Maudet

Deux projections prévues au festival, suivies de rencontres avec le réalisateur : mercredi soir à 19h15 et jeudi à 15h.

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